L’agroécologie représente aujourd’hui une des activités principales de l’ONG de Ndem. Elle représente dans un contexte climatique aride et un contexte social d’exode rural, un moyen de revivifier la biodiversité dans le Sahel et une opportunité économique pour les populations locales. Ainsi, a été initié par l’ONG de Ndem le projet Biofermes Sénégal, en collaboration étroite avec l’ONG Sol Alternatives et l’ONG ID (Initiative Développement) dans le cadre du programme« Résisterre ». A ce jour, 8 périmètres constitués en GIE de femmes bénéficient de l’accompagnement de l’équipe Biofermes Sénégal dans le domaine de l’agroécologie entre la zone de Ndem, de Mbacké Kadior et de Darou Ndimb.
Cette année 2022 a permis au secteur de l’agroécologie de l’ONG de se développer dans le bon sens, d’asseoir ses acquis et de structurer davantage la ferme de formation, ses outils de gestion, suivi et évaluation des activités, d’acquérir de nouvelles compétences et de continuer son travail de transmission en faveur d’un modèle pérenne et reproductible dans la région.
Structuration de la stratégie de développement de la ferme de formation Tawfex
Aujourd’hui, 10 animateurs sont en cours de formation sur 5 spécialités agricoles majeures : semence, arboriculture, maraîchage, élevage et pisciculture, bien qu’ils acquièrent également un savoir général et transversal sur les métiers de l’agroécologie. L’apprentissage se fait majoritairement par l’action, des travaux de groupes et ateliers pratiques, dans une dynamique favorable pour l’ensemble de l’équipe. Il y a une progression notable en termes de maîtrise des outils de jardinage et de sécurité au travail. Une formation spécifique a également été dispensée autour de l’élevage, de la santé et de l’alimentation des ruminants de petites et grandes tailles ainsi que des volailles. L’aménagement d’un espace dédié à la production de Malalfalfa, plante fourragère qui peut rendre autonome en besoin en fourrage la ferme école pour l’alimentation du bétail, a également vu le jour et les animateurs sont aujourd’hui compétents dans la maîtrise des techniques de bouturage et de transplantation de cette plante. Enfin, des réunions mensuelles ont lieu à Tawfex afin d’assurer une organisation des tâches équitable, un même niveau d’information pour tous, et une solidarité entre les membres.
Gestion et suivi des activités agroécologiques et commercialisation des produits
Dans le cadre de la mise en œuvre du projet Biofermes Sénégal, en partenariat avec l’ONG SOL Alternatives et ID (Initiative développement), l’ONG AVN développe des projets d’agroécologie à fort impact social, en plein milieu sahélien. Les défis sont énormes, mais fort de son expérience de 35 ans dans le développement, l’ONG réussit progressivement à implanter des périmètres agroécologiques avec des objectifs de production et de formations qui se réalisent progressivement.
Aujourd’hui, environ 450 femmes travaillent sur 8 périmètres agroécologiques souvent organisés en GIE avec des objectifs de productions végétales et parfois animales.
L’équipe Biofermes Sénégal mène une supervision et un suivi constant dans l’ensemble de ces périmètres agroécologiques accompagnés grâce à ses formateurs. Le développement de méthodes d’uniformisation du travail et de suivi évaluation des activités, ainsi qu’un encadrement et une formation rigoureuse sont en cours afin que soient posés les jalons de structures agroécologiques autonomes. L’objectif est de pouvoir transmettre progressivement certains outils utiles aux paysan.nes, adaptés au terrain, afin qu’ils puissent se les approprier et avoir un bon suivi de leur travail.
Enfin, la commercialisation des produits est aujourd’hui assurée dans les différentes localités majoritairement au sein des marchés locaux. La stratégie actuelle veut que les produits soient vendus aux mêmes prix que les vendeurs conventionnels afin que le bio soit accessible aux populations locales. Une collaboration avec la marque Barkelou Ndem est également née pour la Menthe et le Moringa qui y sont transformés en jus.
Expérimentations, acquisition de nouvelles compétences et innovations
A ce jour, nous pouvons dire qu’une expertise en agroécologie est en train de se développer. Des expérimentations avec les matières premières locales sont fréquemment effectuées pour la fertilisation du sol et les traitements phytosanitaires afin de développer un modèle agricole dont l’essentiel des intrants sont disponibles à proximité des périmètres. Sont aujourd’hui utilisées les cendres restant dans les cuisines, les feuilles de Neem dans le traitement contre les termites ou encore de Glycéria pour booster la croissance des plantes. Une formation en compostage a également été suivie par l’un des animateurs à la demande de la GIZ, partenaire de l’ONG de Ndem, qui a offert une machine broyeuse aujourd’hui utilisée pour faire un compost de bonne qualité. Enfin, un nouveau périmètre agroécologique « Dieuf Dieul » de 2 hectares, situé à la sortie du village de Mbacké Kadior en direction de Darou Marnage, accueille 190 femmes issues de ces 2 localités. Pour 2022, des centaines d’arbres fruitiers et Moringa ont été plantés dans cet espace en plus du Manioc bouturé sur une bonne partie du terrain. L’objectif serait dans le futur de mettre en place une unité de recyclage de plastique ainsi qu’ une unité de production de biofertilisants et de biopesticides et un maraîchage agroécologique.
Enfin, un verger d’agrumes d’un hectare a été mis en place dans la ferme de «Gouille Mbindeu» sur le périmètre de 8,5 hectares de Nguiguiss Bomba. Un ami spécialiste suisse de l’agriculture bio, via
« Formacion Sénégal » a permis d’équiper le champ à l’arrosage gouttes à gouttes. Les arbres se portent bien, malheureusement, les rats palmistes endommagent les tuyaux plastiques, en les rongeant pour y chercher l’eau ; la lutte est engagée tout comme sur les cultures maraîchères pour chercher des moyens de protection efficaces.
Pédagogie, diffusion et transmission du savoir
De nombreuses personnes viennent visiter le site de Nguiguiss Bomba (Mbacké kadior) et l’agroécologie est l’un des pôles qui intéresse le plus. Chaque rencontre permet à l’équipe d’affuter ses compétences en termes de transmission, de sensibilisation et de vulgarisation de sa mission auprès d’un public très large. Un coup de projecteur a également été mis sur le projet cette année avec la visite du Khalif Général des Baye Fall (Serigne Amdy Modou Mbenda Fall) et une délégation de 2000 personnes venues découvrir le site de Mbacké Kadior entourée de plusieurs médias. Aussi, un grand nombre d’actions de diffusion et de rencontres ont eu lieu sur l’année auprès de publics variés œuvrant à différentes échelles.
Le collectif Eco-jeunes-Solidaire a organisé 3 forums sur la consommation responsable et a formé des collégiens sur trois sites différents avec l’aide de l’équipe d’animateurs de Biofermes. Ceux-ci sont amenés à transmettre perpétuellement leurs connaissances et sont ainsi de plus en plus compétents d’un point de vue pédagogique. Ils animent également des ateliers et réunions auprès des paysan.nes sur des questions pratiques ou générales qui révèlent dans cette population des personnalités qui sont encouragées à développer davantage leurs facultés de communication dans un objectif d’autonomisation des projets. En 2022, c’est aussi 1500 arbres qui ont été distribués aux populations afin de les initier à l’importance des arbres dans l’écosystème naturel et à l’importance de mener des actions pour reverdir le Sahel. Des petites sessions de formations ont été mises en œuvre sur la manière de reboiser convenablement un arbre et de s’en occuper.
La consolidation du projet ne fait que commencer, mais il est évident qu’aujourd’hui le projet d’agroécologie dans sa globalité a permis à des centaines de personnes de prendre conscience de cette perspective entrepreneuriale et des possibilités d’insertion professionnelle dans ce domaine, qu’il faut également changer de modèle agricole et mener une activité mieux réfléchie, plus durable et meilleure pour la santé.